Cela fait 3 semaines exactement que je n'ai pas écrit, et c'est d'autant plus difficile de reprendre. J'ai bien des sujets dont je voudrais parler, mais j'ai l'impression que ces sujets sont futiles, ou pas vraiment intéressants. Ce qui est sans doute le cas, en fait...
A côté de ça, mes horaires de travail en ce moment ne me laissent pas vraiment le temps de blogger, et quand parfois j'en ai le temps, j'ai plutôt envie de me vider complètement la tête que d'écrire.
A part mes horaires déraisonnables (que je déplore, et auxquels il va falloir que je trouve une solution) et mes vacances qui sont en passe de prendre une claque, cela fait deux week-ends de suite que je travaille. J'ai travaillé hier jusqu'à deux heures du matin pour finir d'imprimer un dossier. Enfin, "hier", c'est à dire samedi, et dimanche matin... Et demain l'agitation repart.
Nous avons édité un dossier à l'attention du CEA DAM (Direction des Applications Militaires). Ce n'était pas pas un projet classé Secret Défense, mais un projet confidentiel à diffusion restreinte. Le dossier qui nous a été transmis occupait un peu moins d'un DVD : 3,5 Go environ. Le problème est que nous sommes réputés examiner absolument toutes les pièces de ce dossier, et prendre en compte tous les éléments. Bien sûr, le projet est pris en charge par une équipe complète (et qui, dans ce cas, était éclatée sur plusieurs sites, ce qui ne facilite pas vraiment le travail). Mais je me suis retrouvé en haut de la hiérarchie, en tant qu'adjoint du responsable de projet, et j'étais donc censé connaître à peu près toutes les pièces - ce qui relève, en 10 semaines, de la gageure.
Cette façon de mesurer l'information en volume informatique (3,5 Go) est assez abstraite. Tous nos dossiers sont reçus sous format informatique, et ressortent sous forme informatique... Il y a un petit calcul qui me trotte dans la tête depuis quelque temps...
Il faudrait se dire que ce dossier représente 5 cartons remplis. Je parle de ces cartons que tout le monde connaît, et qui contiennent donc 2500 feuilles A4. Les cartons étaient remplis à la verticale, donc avec un peu plus que leur contenu normal : mettons 3 000 feuilles A4. Les plans A3 et A0 sont imprimés recto seul, et les carnets A4 recto verso. Il y a à peu près 50% de plans, donc 1,5 fois la surface imprimée sur chaque feuille (un recto et en moyenne un verso sur deux). Cela représente donc une surface totale de 3 000 x 5 x 1,5 x (0,20m x 0,30m) = 1 350 m² de documents à lire ! A titre de comparaison, un livre de poche de 300 pages représente 13 m².
Cela représente également en moyenne 160 Ko par recto A4, ce qui parait plausible (compte tenu des plans scannés qui occupent un gros volume).
Suite à l'étude de ce dossier, nous avons abouti pour l'instant à un dossier informatique de 180 Mo. Je n'ai pas pu compter précisément ce que cela représentait en terme d'édition papier, mais une estimation (avec le nombre de ramettes consommées et le nombre de classeurs) de 3 000 pages est correcte - toutes recto-verso cette fois. Soit 360 m², soit 30 Ko par feuille A4, ce qui colle avec le fait qu'il y avait beaucoup de texte et beaucoup de documents scannés en basse résolution (mais ça paraît quand même faible).
Tout cela pour dire que le volume de données reçues et traitées, et le volume de données ressorties est proprement faramineux. Bien sûr, le projet a mobilisé pendant 10 semaines 5 personnes à temps plein et 8/10 autres personnes en appoint (quelque chose comme 3 000 heures (1)). Bien sûr, dans le volume des données produites figurent un grand nombre d'annexes, qui sont du travail repris à l'identique. Bien sûr, il y a des automatismes qui se développent. Il n'en reste pas moins que, si en plus on considère toutes les données intermédiaires traitées (2), cela représente une quantité inimaginable de données à traiter.
Il n'y a qu'à se figurer, par exemple, la tour Eiffel, et se dire que chacun des rivets, chacune des sections d'acier, chaque gousset, a été considéré à part, calculé et dessiné. Cela donne une image raisonnable du volume d'information à traiter sur des dossiers de ce genre (bien que le travail, lui, ne soit pas similaire).
(1) Inutile de préciser que je pars sur une base de 40 à 45 heures/semaine (payées 35, puisqu'il paraît qu'il faut travailler plus pour gagner plus).
(2) Je pense aux calculs qui ont été faits en interne, et notamment aux métrés de tous les ouvrages.